Gomz, Fotokor
L’industrie soviétique regorge d’appareils séduisants et inspirés par les productions allemandes.
Le Fotokor (Photojournaliste en français) fait partie de ceux-ci. Il m’intéresse beaucoup car il est très inspiré par les Zeiss Ikon Donata & Maximar.
J’ai réussi a en trouvé un en bon état, ce qui permet de le comparer avec son illustre inspirateur.
Tout d’abord, revenons sur l’origine du projet Fotokor.
En 1914, à Petrograd est créé un atelier de production d’optique et mécanique dont Schneider est actionnaire.
En 1918, après la révolution l’atelier produit des appareils Pathé puis des caméras « Rouss » crées par les ingénieurs de la fabrique. La même année nait le GOI, institut optique d’état.
En 1919, toutes les entreprises sont nationalisées.
En 1921 l’usine devient GOZ (usine optique d’état)
En 1925 est produit un premier appareil photo (Foto-Goz)
En 1928 par décret GOZ doit fabriquer un appareil 9x12 entièrement soviétique : Le Fotokor
En 1929, le projet est terminé et confié à GOM.
En 1939 la firme devient GOMZ
L’appareil est très largement inspiré du Maximar de chez Zeiss Ikon. La production s’organise et 11000 appareils sortent de 1930 è 1931. Ils sont tous équipés d’obturateurs allemands Compur ou Vario. Ils reçoivent des optiques Ortagoz qui se veulent équivalentes aux Tessar ou Héliar. (En début de production quelques optiques allemandes seront montée dont le Schneider Xenar 4,5/135.)
A partir de 1931 un obturateur GOMZ est mis à l’étude et équipera les Fotokor dés 1933. L’appareil devient alors une production totalement nationale. Il s’en fabriquera un million environ.
Le premier appareil photo soviétique est donc un appareil de type chambre à main, 9x12 et double décentrement. Il se situe dans la catégorie haut de gamme, voire professionnel. Il sera équipé d’optiques Ortagoz 4,5/135mm et plus rarement d’Industar -7 lui aussi 4,5/135mm.
L’obturateur sera un GOMZ de type central au 1/100 puis un Temp au 1/200 de type Compur sera installé en 1939.
En 1930/1931, 20000 boitiers seront produits, tous avec des obturateurs allemands et parfois des optiques allemandes.
En 1932, 12000 boitiers seront produits dont un nombre croissant avec obturateurs GOMZ et tous avec optiques locales.
Voici les principales versions et variantes importantes.
Certains auteurs considèrent comme versions des variantes, des changements mineurs à mes yeux, tels ferrures, taille de la platine, ferrures de poignée. Je ne les mentionne pas. De même vu le manque de catalogues d’époque certains « montages » d’optiques ou obturateurs atypiques peuvent être postérieurs à la production et je n’en fais pas état.
Fotokor 1 : 1929/1930
Exemplaires de préséries équipés d’obturateurs allemands.
Fotokor 1a : 1930/1932
Viseur cadre tige avec oculaire rond.
Obturateur Compur
Objectif Ortagoz 4,5/13,5
VTOMP dans le cuir du dos
Plaque de réglage MàP ivoire
Fotokor 1b : 1930/1932
Obturateur vario
VOOMP dans le cuir du dos
Plaque de réglage MàP noire
Fotokor 1c : 1932/1939
Obturateur GOMZ
GOMZ dans le cuir du dos dès 1933
Petite série Compur en 193
Fotokor 2: 1939/1940
Obturateur TEMP 1/200 (copie du Compur RIM)
Objectif Industar 4,5/13,5
Série spécial gainée brun foncé (500 ex)
Fotokor 3 : 1939/1940
Format 6,5x9 sans double tirage
Obturateur GOMZ ou TEMP
Objectif Industar 7 de 2,5/10,5 (utilisé sur le Turist)
Les version 1, 1a et 1b sont les plus rares. Les versions 1939/1940 sont très peu courantes
Le Fotokor est un appareil tout métal, lourd et bien fini. Il est assez proche de la finition allemande. Les chromes sont jolis mais moins profonds que les Zeiss-Ikon. Les ajustements sont corrects, les commandes moins fluides que sur le Maximar au niveau du rail et le dos moins qualitatif. C’est un bon appareil, fiable et globalement de bonne facture.
Le regret demeure l’obturateur plus proche du Vario que du Compur. C’est le seul choix jusqu’au modèle 1939. J’aimerais trouver un modèle avec l’obturateur TEMP afin de pouvoir comparer avec mon Donata Compur Rim.
Les modèles 31 et 39 sont plus rares et chers. Pour les appareils de 33 à39 il sont plus simples à trouver. Il faut vérifier qu’ils sont en bon état et conformes au modèle d’origine.
Sur internet on trouve des photos réalisées avec l’objectif Ortagoz. La définition semble bonne et l’image très nette.
C’est un plaisir de découvrir cet appareil qui prouve que la qualité de réalisation était tout à fait possible en l’URSS !
Sources principales : Documents personnels ; Photos et visite de salons ; Site photohistory-ru ; site sovietcams.com ; livre Mc Keown ; livre « The authentic guide to Russian and Soviet cameras de JL Princelle….