Komsomolets, le Voigtlander russe.

GOMZ (usine optique-mécanique d'État) et une fabrique fondée en 1932 à Leningrad. Elle sera renommée Lomo par la suite.Elle a commencé par fabriquer le Fotokor, chambre à main inspirée de Zeiss-ikon puis la série des Smena. On lui doit aussi le Leningrad à moteur mécanique, le Sport et les cellules Leningrad.  Les appareils les plus connus sont les Lubitel (et Sputnik stéréo dérivé). L’ancêtre du Lubitel est le Komsomolets.

Pour être simple le Komsomolets est un Voigtlander V6 et le Lubitel est un Voigtlander un couplé simplifié. Ces Lubitel évolueront et survivront jusque vers le milieu des années 90.

A la fin de la seconde guerre mondiale les commissions de dédommagement Soviétiques rapportent des machines-outils, des plans et des techniciens allemands. C’est le cas pour le Contax de Zeiss Ikon qui deviendra le Kiev (Kneb) mais aussi pour le « faux  reflex" de Voigtlander, le Brillant en bakélite. Visiblement les moules et la technique de coulage de ces matériaux ont aussi été rapportés.

Le Komsomolets sera le premier appareil produit en masse des 1946. Son aspect reflex très attrayant et son faible coût de fabrication en font le modèle rêvé pour relancer une production civile.

Komsomolets. 1946-1950

Son nom signifie « jeunesse communiste ». Cette organisation organisait et encadrait les jeunes de 14 à 28ans. Le nom désigne le public visé par cet appareil.

L’appareil est une copie du Brillant V6 de Voigtlander. Il reçoit un obturateur légèrement différent et une optique T21-6,3/80mm. C’est un 6x6 sur film 120. C’est un faux reflex sans mise au point directe et dont le cadrage se fait sur un dépoli à travers une lentille. D’où la visée très claire…et le nom de Brillant chez Voigtlander. L’obturateur possède une pause B et 1/25, 1/50 et 1/100.

Il sera produit à plus de 300000 exemplaires.

Il en existe 2 principales versions et de nombreuses variations peuvent être trouvées. Je ne listerais que les changements visibles et nom mineurs.

Version1 : 1946-1950. Identique au modèle que je présente. Selon les années la plaque d’obturateur se modifie, un compteur sous forme de lentille rouge apparait sur le dos. Inscription « model A » sur le capuchon, la typographie du nom est légèrement différente, la trappe range filtre apparait, l’inscription ‘Leningrad » sous l’optique disparait, optique T22 75mm fin 49….

Version2 : 1950. Nouvel obturateur noir au 1/200 sans plaque nominative, optique T22, les prémices du Lubitel se font jour.

Lubitel.

Après le Voigtlander V6 c’est le Voigtlander couplé qui inspire GOMZ. Le lubitel, qui signifie « amateur » connaitra un énorme succès.

A la différence du Voigtlander le boitier restera celui du Komsomolets (alors que celui du Voigtlander couplé a été légèrement agrandit et le système de prime amélioré. 

Lubitel : 1949/1956. Environ 1 million d’appareils. Obturateur au 1/200 et optique T22 4,5-75mm traité. Mise au point couplé par engrenage. La mise au point se fait au travers de l’optique de visée ouvrant à 2,8. Nom en cyrillique ou caractères latins.

Lubitel 2 :  1955/1980. Au moins 2 millions d’appareils. Nouvel obturateur avec retardateurs et 1/200 puis 1/250. Synchro X

Lubitel 166 : Environ 70000 exemplaires. 1976/1986. Boitier redessiné, modernisé. Viseur sportif.  Une série reçoit un logo JO. Certains seront équipé d’un armement couplé semble-t-il.

Lubitel 166B : 1980-1993. Environ 900000 exemplaires. Identique mais réglages par symboles.

Lubitel 166 Universel. 1983/1993. Environ 400000 appareils. Bi format grâce à un cadre réducteur 4,5x6.  Boutons plus qualitatifs.

Une jolie série à succès, très présente en France. L’appareil école du 6x6, à acheter chez Muller au jardin des plantes.

En 1984 un Lubitel 166B coûtait 190 Francs (un Instamatic 77X Kodak se vendait 161 Francs et le 177X lui 235 Francs). Quant au Yashica Mat 124G qui était le boitier 6x6 en vogue le plus abordable il valait1683 Francs ;

L’histoire amorcée par le Komsomolets ne s’arrête pas ainsi et peut devenir outre les diverses variantes de Gomz une magnifique chasse au trésor car le Lubitel 2 a aussi une carrière internationale. Le nom apposé est différent mais pas le boitier.

- Chine : Changle

- Finlande : Amatör

- USA : Kalimar TLR 100

- Australie : Global 676

- Grèce : Luna

- Suède : Atlantic

- RDA : Amatör 2

- Chine : Lubitel 166+ universal . La mode de la  Lomographie a aussi permis la renaissance du Lubitel 166. Identique extérieurement il reçoit des modifications technique : biformat et panoramique sur film 35mm avec 4 pièces l’adapter, synchro X,  visée moins lumineuse, pas de retardateur…et made in China.

La Lomographie et le prix (399 €)  de ce dernier modèle ont relancé le marché d’occasion des appareils Lomo dont le Lubitel . Les tarifs ont bien monté. Heureusement vu la production il est encore possible d’en trouver à un prix raisonnable.

Qui aurait imaginé que 70 ans après la création du Brillant par Voigtlander, cet appareil certes modifié légèrement soit encore à la mode et fabriqué ?

Pour en revenir au Komsomolets, c’est un petit appareil difficile à trouver hors de la Russie. Il est assez rare, surtout en bon état. La plupart sont en panne (obturateur de la version 1 avec des ressorts « joueurs » et la fermeture du capuchon est souvent cause de frottements et a donc été forcée et enfin la bakélite est toujours fréquente à la casse.

Toutefois c’est un plaisir de le découvrir et de lui faire rejoindre ses ancêtres Voigtlander.